Poème

Fiat lux

Un matin, j'eus sept ans, 

La vie se mit à battre en mon âme d'enfant. 

Soudain, dans le regard que j'avais sur les choses 

La lumière se fit : papillon tout fringant, 

Je buvais goulûment au calice des roses 

Les bruissements du temps.

 

J'eus douze ans un matin. 

La vie grinçait des dents dans mon âme d'enfant : 

J'avais déjà beaucoup à reprocher aux hommes, 

Leurs mensonges et leurs vices, et tous ces châtiments 

Subis. Sur les routes qui s'en vont jusqu'à Rome 

Je rebroussais chemin. 


Ce jour où j'eus quinze ans, 

La mort rodait autour de mon âme d'enfant 

Dans les corps de douleur de ma sœur et du monde, 

Papillons en sursis, holocauste géant, 

A la gloire des dieux de paradis immondes 

Que je fuis en courant. 


Les ans après les ans, 

La sagesse a posé dans mon âme d'enfant 

Ses valises. En voyant les sentiers parcourus 

Au soir d'une vie de parfait mécréant 

Je ne regrette pas les efforts encourus : 

Je suis devenu grand. 

Fiat lux !


Bruno Pinel, Mai 2006

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