Poème
L'épouvantail
Poème
J’ai accroché dessus la queue du vent
Un peu de poudre d’escampette,
J’ai retiré la clef des champs
De ma triste
Jaquette.
Mon visage de chaumes desséchés
Semait, portés par la bourrasque,
Pailles et grains comme s’il pelait
Ou qu’il perdait
Son masque.
Dans un jardin mes pénates posais
Ayant perdu moitié de mon corps,
Mais reçu sous les quolibets
J’abandonnais
Ce port.
L’horizon m’appelait : a-t-on le choix
D’affronter pareil vent contraire ?
J’ai rassemblé mes os de bois
Et mes maigres
Affaires
Le cœur mangé de larmes et de peine,
Révulsé et appelant la mort,
Pantin ébouriffé de haine
Contre mon destin.
Alors
Je me suis envolé envieux d'autres semailles.
Qui donc, en effet, veut, se levant un matin,
Crucifier un épouvantail
Au cœur de son
Jardin ?
Bruno Pinel, Mars 2006